Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/199

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Les bourdons bleus, taquins, ronflent sur leurs épaules. Les coccinelles agrafent des fleurs à leurs mollets. Aux seins roses des nymphes, de grands papillons jaunes palpitent ; et les talons traînent des scarabées.

Sur le flanc des coteaux que le soleil argente, les brunes oréades sortent des petits temples, et, lumières des bois, les dryades ensemble glissent leurs tailles nues aux bleus écarts des branches.

De roses, d’aubépine ou d’algues couronnées, aux bras fauves des faunes, les nymphes s’abandonnent. « Levez, comme une aurore, vos bras dans l’air troublé, Eunice, Eglé, Maïs, Eione, Galatée !

« Dérobe sous les blés ta sveltesse, Phrixal Pan te suit, les deux cornes brûlantes de soleil. Le froufrou de ta course dans les gerbes, Phrixa, a réveillé chez lui plus d’un désir cruel.

<i Et toi, Pan, souple et noir, dieu courant, penche-toi : hume sur les bleuets la trace d’un beau pas, cueille un talon ! attire toute la fleur vermeille. Les blés, pour te» ébats, vont s’ouvrir en corbeille. »

Soudain, ô que de nymphes s’enfuient vers l’horizon ! O combien de naïades se fondent en rosée ! Sous ses voiles ténébreux voici venir Morphée. Les dryades craintives se groupent en buissons.

Les sylvains, aux coteaux, gagnent les tournants brusques. Leurs cornes ont disparu comme des feux follets. Morphée, dieu de ténèbres, vient de l’aube, affolé. Le poing chaud du soleil le poursuit à la nuque.

Il aspire à longs traits les touffeurs de l’été, il titube, Morphée, le dieu aux pieds de laine ! il est ivre d’air chaud, il tourne sur lui-même, il déchire ses voiles de son bras écarté.

L’herbe d’une ombre moite environne son corps. Il s’étire dans l’herbe en regardant les cieux. Le soleil ou zénith plonge au fond de ses yeux. Il tombe ! et ses yeux d’eau fument sous leurs cils d’or.

Morphée, d’un cou superbe, et défiant encore le soleil