Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t3.djvu/355

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Au ciel pâle d’où le soir tombe,
Sans l’azur gris couleur des eaux,
Glissent comme des éclairs d’ombre
Les ailes vives des oiseaux.

Il sort un profond et doux charme
De toutes ces choses, sans fin ;
Tout est joyeux, apaisé, calme :
C’est la vie, où tout est divin.
Les bruits de la ville lointaine
Par bouffée arrivent vers moi…
Pourquoi soudain mon âme est-elle
Prise d’un indicible émoi ?

Mon Dieu, comme devant les choses
On est ébloui du destin !
Comme on est pareil à des pauvres
Devant un splendide festin !
Comme on t’adore d’un cœur simple,
Comme on te retrouve ici-bas
Partout, dans la vie ample et sainte,
Mon Dieu, qui n’es peut-être pas !

[La Beauté de vivre.)

RENOUVEAU

Après ces frivoles journées,
Après ces plaisirs captieux
Où soudain, au bord de mes yeux,
Montaient des larmes étonnées ;

Après ces gestes, ces regards,
Ces paroles et ces sourires,
Et ces baisers et ces délires
Des sens prompts et des cœurs hagards ;

Après le néant de ces choses,
Après tous ces riens dévorants,
J’étais fou ; — mais je me reprends
Pour avoir respiré des roses.

J’avais presque trahi ma foi
Pendant cet hiver sacrilège ;