Combien de tendres confidences
Ont-ils entendu, — doux secrets !
Les vieux éventails sont discrets
Au souvenir des contredanses,
Où doucement, très doucement,
Avec quelque nuance exquise
Le marquis disait en… mimant :
« Ne veux-tu pas être marquise ? »
Gais éventails enjoliés
Par de fines mains aux doigts roses,
Que l’on fixe entre un tas de choses
Aux tentures des ateliers ;
Où l’on voit des lunes laiteuses
Sur les montagnes lazuli,
Avec un horizon pâli,
Tout constellé de nébuleuses ;
Éventails chimériques qui
Donnent la vague nostalgie
D’entendre une voix de vigie
Vous signaler Nangasaki !
Éventails en papier qu’on donne
Pour quelques sous, soyez bénis,
Vous la gaîté de tous les nids
Où le jeune amour s’emprisonne ;
Qui jetez aux murs des gaîtés
D’orient qui s’emparadise,
Votre art primitif réalise
Les plus caressantes clartés ;
Et vous êtes, dans notre vie,
L’image, à nos sens avivés,
De la tendresse inassouvie
Et des chers paradis rêvés.