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auguste.

M. Dorigny devina son embarras : « N’aie pas peur, et mets-le sur cette table. » Delriau posa le panier sur une petite table à dessus de marbre. Et les yeux des enfants s’attachèrent sur panier : il excitait d’autant plus leur curiosité, que des couvercles, hermétiquement fermés de chaque côté de l’anse, empêchaient le regard le plus perçant de deviner ce qu’il pouvait contenir. Véronique sourit et demanda à Auguste s’il voulait se charger de l’ouvrir.

— Faut-il, papa ? demande l’enfant.

— Oui, mon ami, puisque Véronique le permet.

— Il faut l’ouvrir tout doucement et prendre bien garde que cela ne s’envole, reprit la nourrice en souriant.

— Ah ! c’est une attrape, cria Amélie, il n’y a rien dedans !

— Si fait, dit Laure, je crois qu’il y a du beurre de Bretagne.

— Est-ce que le beurre s’envole ? interrompit Auguste : c’est bien plutôt un lièvre ou un lapin ; je n’ouvre pas, cela peut mordre.

— Ce n’est rien de tout cela, mon cher petit ; et Véronique ouvrant aussitôt le panier…, deux petites colombes blanches comme la neige s’élancèrent hors de leur prison d’osier ; elles se penchèrent sur une des épaules de Laure, et se mirent à battre des ailes.

À cette vue, un long cri de joie s’éleva… Laure et Amélie saisirent chacune une colombe et la couvrirent de baisers.

— Et moi je n’ai rien, disait Auguste en sautant autour de ses sœurs, moitié content, moitié fâché.

— Si fait, si fait, il faut chercher dans le panier ; » et Véronique fit signe à Auguste de venir près d’elle : l’enfant souleva les feuilles de fougères qui avaient servi de lit aux deux colombes, et fit un cri de joie en apercevant une