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auguste.

tout doucement : il n’eut qu’à faire ce je fais en ce moment, et décrochant le portrait, il se plaça derrière lui et le fit glisser. Je ne puis pas soulever les yeux et la bouche, ajouta-t-il, le portrait a été réparé, ainsi que vous pouvez le voir, « et le tournant du côté des enfants, il leur montra les pièces qui paraissaient à l’envers.

« Que cela est curieux ! répétaient les enfants en se pressant les uns contre les autres. — Et où était votre lit, cher papa, et celui de notre oncle Ernest ?

— Ils étaient au fond de la chambre, en face du portrait.

— Mon Dieu ! que je suis content, s’écria Auguste, que Fifine m’ait conté cette histoire ! je n’aurais jamais pris à cette chambre l’intérêt que je vais y prendre.

— Sois surtout content, mon ami, d’avoir eu assez de confiance en moi pour m’en parler, et me la redire telle qu’elle t’avait été contée ; agis toujours ainsi, tu te préserveras de bien des fautes, et de beaucoup d’erreurs.

— Oh oui, papa, vous saurez toujours tout ce que je penserai, tout ce que je ferai.

— Oui, oui, cher papa, » s’empressèrent d’ajouter Laure et Amélie.

M. Dorigny les pressa tous trois sur son cœur, et ils sortirent de la chambre, que l’imagination d’Auguste avait peuplée pendant longtemps de choses si effrayantes, qu’il en avait perdu le sommeil.

Delriau les suivit, il était triste et silencieux.

« Qu’as-tu, mon enfant ? lui demanda M. Dorigny avec intérêt.

— Rien, monsieur, quand je dis rien pourtant, j’ai tort, Je me suis senti tout je ne sais comment devant ces portraits. Je les ai d’abord admirés, puis la tristesse m’a pris ; je me suis dit que je n’avais point une si belle suite de parents, et que je ne pourrais jamais retrouver les traits, même de