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D’OTRANTE.

me chagrine. C’eſt à ce mariage que j’attribue la mort de mon fils Conrad… Soulagez ma conſcience de ce fardeau : rompez notre mariage, & achevez l’ouvrage que vos ſaintes exhortations ont commencé dans mon cœur.

Ces dernières paroles causèrent au Père un chagrin d’autant plus vif, qu’il s’aperçut de l’artifice du Prince. Il trembla pour Hippolite, & craignit que Manfred, au défaut d’Iſabelle, & dans l’impatience d’avoir une héritière, ne jettât la vue ſur quelqu’autre qui n’auroit pas autant de force qu’elle pour réſiſter aux promeſſes éblouiſſantes de Manfred. Le ſaint homme reſta quelque temps abſorbé dans ſes réflexions. Il prit à la fin le parti de temporiſer ; il crut qu’il étoit de la prudence d’entretenir le Prince dans l’eſpoir de revoir Iſabelle. Il connoiſſoit l’affection de celle-ci pour Hippolite, & l’averſion qu’elle avoit pour Manfred, & ne douta point