Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/107

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ne faut voir dans le numéraire ni plus ni moins qu’un capital ; et surtout, il faut aborder la question du prêt ou de la location au point de vue général, somme toute autre question. Ainsi vais-je faire.

On peut aliéner le capital de deux manières : par la vente ou par la donation. Il en est de même du revenu, il en est ainsi de toutes les valeurs.

Sans aliéner le capital, on peut encore le louer ou le prêter. Au contraire, le revenu n’est pas susceptible de location : il se vend ou il se donne, mais il ne se prête pas. La différence du capital et du revenu se trahit ici par la différence des transactions auxquelles ils peuvent donner lieu.

Je dis que le capital peut se louer ou se prêter. On conçoit que cette opération ait un sens et une raison d’être : elle procure à l’emprunteur ou au locataire la jouissance du revenu. On conçoit même qu’elle n’a pas d’autre sens ni d’autre raison d’être que ceux-là. D’ailleurs on comprend encore que le prêt ou la location se distinguent et de la vente et de la donation, puisque le capital n’est pas aliéné.

J’ai dit aussi que le revenu n’est pas susceptible d’être loué ou d’être prêté. Cela ne pourrait se faire, en effet, sans que le revenu fût aliéné, puisqu’il ne survit point à l’usage que l’on en fait.

Donc on ne peut louer ou prêter que des capitaux ; et, ce faisant, on aliène le revenu, autrement dit :

Le prêt ou la location d’un capital est l’aliénation du revenu de ce capital.

Suivant que cette aliénation du revenu est une