Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/125

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dhon peut-il espérer jamais de nous démontrer par une analyse rigoureuse qu’au point de vue hygiénique un verre d’eau sucrée est de même nature, quant au fond, qu’une dissolution d’arsenic ? On est pétrifié d’étonnement en voyant un homme d’esprit se complaire dans une pareille gymnastique.

Ou bien serait-ce à dire que M. Proudhon considère l’appropriation et la possession comme des faits de l’ordre naturel et fatal, n’ayant aucun rapport direct ni indirect avec le droit et le devoir, ne ressortant en aucune façon de la justice, inaptes à se trouver en aucun cas ou légitimes ou illégitimes suivant les circonstances ? Alors seulement on pourrait concevoir que propriété et vol pour lui fussent une même chose. En vérité, ce serait curieux ! Et il ne manquerait plus à M. Proudhon qui introduit de vive force la notion du droit et du devoir dans la théorie des faits économiques de l’ordre naturel, que d’exiler violemment cette même notion de la théorie des faite économiques de l’ordre moral ! Il ne manquerait plus à M. Proudhon qui traite de la valeur d’échange et de l’échange au point de vue moral, au point de vue de la justice, que de traiter de la propriété au point de vue naturel, au point de vue de la nécessité ! — Il y aurait compensation.

Le croirait-on ? c’est ce qui arrive effectivement ; comme cette étude le fera voir. Par exemple, ce qu’il m’a fallu déployer de patience et poursuivre de suppositions différentes, avant de soupçonner, avant de reconnaître distinctement cette erreur, c’est ce