Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/141

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être personnel, intelligent et libre, sans avoir l’idée qu’il est responsable et moral, qu’il a des droits et des devoirs. On ne peut avoir l’idée du droit et du devoir sans avoir l’idée de la responsabilité, de l’imputabilité, de la liberté.

La propriété, possession légitime, basée sur une appropriation naturelle, est sainte parce qu’elle exprime la sainteté du moi personnel. C’est parce que mon âme et mon corps sont identiques au moi qu’ils m’appartiennent, que j’en suis propriétaire. C’est la possession la plus légitime, la propriété la plus sacrée. Quant aux choses, c’est encore en vertu de ma personnalité que j’ai droit sur elles. La chose impersonnelle n’étant ni libre ni responsable, n’a ni droits ni devoirs. La raison met les êtres impersonnels à la disposition des personnes. La personnalité de l’homme est donc l’origine et le fondement de la propriété de l’homme sur les choses.

…Que le droit lui était inhérent, comme il l’est à l’humanité même.

Précisément. Le droit est inhérent à la propriété comme la personnalité à l’humanité même. Vous êtes en présence d’un dilemme terrible pour vous.

Ou l’homme est un être personnel, libre, moral, ayant des droits et des devoirs. Et alors la moralité est inhérente à toute manifestation de cette personnalité responsable. L’appropriation et la possession ne demeurent en aucun cas indifférentes à la justice. Elles sont naturelles ou antinaturelles, légitimes ou illégitimes, propriété ou vol. La propriété est sainte :