Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/171

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plus estimables que les sous-entendus ironiques et cauteleux ; mais encore, à tout prendre, une injure ne prouve rien, et il s’agit de savoir jusqu’à quel point vous pourrez maintenir la vôtre. Je signale à la moquerie de tous les hommes qui ont une fois ouvert un livre d’économie politique la méprise énorme que vous commettez en rangeant dans la même catégorie, sous le nom d’immeubles, les terres et les maisons. Je distingue, pour mon compte, les unes et les autres ; je laisse de côté, pour un moment, les maisons et leurs propriétaires ; et je me propose, quant à présent, de vous montrer assez correctement de combien il s’en faut que vous, Monsieur Proudhon, vous soyez en droit de traiter de voleur le propriétaire foncier qui s’est approprié la terre.

D’abord la probité, même la plus vulgaire, n’oblige point à rapporter au commissaire de police des objets trouvés sur la voie publique, si ces objets sont absolument sans aucune espèce de valeur. Si vous trouvez sur la voie publique un chiffon de papier, quelque caillou, vous êtes autorisé à les mettre dans votre poche sans en prévenir le commissaire de police. On n’est pas voleur pour s’approprier quelque chose qui ne vaut rien du tout. L’homme qui respire l’air atmosphérique, l’homme qui conduit dans sa chambre les rayons du soleil, l’homme qui puise de l’eau à la rivière ne sont pas et ne peuvent pas être des voleurs. L’homme qui s’approprie un fonds de terre ne l’est pas davantage selon vous, puisque la valeur venant, selon vous, des frais de production, la terre ne vaut rien