Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/184

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Il est faux que cette matière existe en dehors de la série fiscale : la rente foncière est comprise dans la série fiscale depuis plus de soixante ans. La Constituante, en 1790, établit un impôt de 240 millions sur la rente foncière évaluée alors à 1200 millions, et qui s’élève de nos jours à 2 milliards ou 2 milliards 200 millions pour le moins. Il me semble que 240 millions sont une somme dont le chiffré n’eût pas sans doute échappé à mon adversaire, s’il l’eût cherché. Ce n’est pas tout : l’impôt sur les successions n’épargne point, que je sache, la rente foncière. Que M. Proudhon propose d’augmenter l’impôt foncier, libre à lui, pourvu qu’il justifie cette motion. Mais que vient-il nous dire, que la rente foncière ne fut jamais imposée ? M. Proudhon ignore-t-il ce que c’est que l’impôt ? M. Proudhon ignore-t-il ce que c’est que la rente foncière ? C’est infiniment probable.

Allons, faux philanthrope,… imposez la rente de tout ce dont vous voudriez dégrever les autres impôts : personne n’en ressentira de gêne. L’agriculture demeurera prospère ; le commerce n’éprouvera jamais d’entraves : l’industrie sera au comble de la richesse et de la gloire. Plus de privilégiés, plus de pauvres : tous les hommes égaux devant le fisc comme devant la loi économique…

Démontrer cette proposition, c’est faire tout à la fois la théorie de la rente et de l’impôt, et, après en avoir expliqué la nature, en opérer la balance.

Faire tout à la fois la théorie de la rente et de l’impôt, en expliquer la nature, en opérer la balance est une généreuse entreprise. Démontrer que l’impôt doit absorber toute la rente foncière, et rien que la rente foncière, est une entreprise peut-être aussi bonne, au moins tout aussi légitime. Mais ce n’est