Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/226

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moins l’harmonie des vérités premières de la morale. La création d’un excédant du salaire sur les frais de production, par la diminution des frais d’une part, par le perfectionnement du travail de l’autre, est pour le travailleur un devoir individuel, jamais un droit social. En acceptant la discussion sur le terrain de la morale privée, j’admets que cet excédant soit en effet conforme à la dignité humaine, à notre faculté de prévision, de spéculation, d’entreprise. J’ajoute que sa création dépend de la volonté, de l’expérience, du talent, de la modération, de la prévoyance du travailleur. Comment oserait-on prétendre que la société doit un excédant au travailleur inhabile, paresseux, dissipateur ? L’équilibre social une fois trouvé, le travailleur n’a plus rien à demander à toute cette philanthropie de bas étage. Il doit tout attendre de lui et de l’harmonie des lois naturelles de l’économie.

Le rentier présumé, ce serait donc, je le répète, à ne consulter que le fait brut, le travailleur.

Cette thèse avorte honteusement. En nous parlant d’un excédant conforme à la dignité de l’homme, vous ne parliez, à tout prendre, que de l’excédant du salaire sur les frais de production ; mais vous espériez, du même coup, vous attribuer l’excédant du produit agricole sur le salaire. Cette opération est manquée. La création d’un excédant du salaire sur les frais de production est un devoir à la disposition libre du travailleur ; elle est du ressort de l’économie domestique et de la morale privée. Quant à l’excédant du résultat total agricole sur le salaire, l’économie politique dé-