Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/241

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qu’une seule part. L’unique chance qu’ait à présent M. Proudhon de régulariser le partage de la rente, c’est que son inconséquence le pousse à jeter au panier sa seconde théorie avec sa première, et qu’il se décide à éliminer de la distribution de la rente foncière le travailleur et la société. Mais c’est précisément le contraire qu’il va faire : il va s’empresser d’oblitérer le propriétaire foncier en ne conservant pour parties prenantes de la rente que la société et le travailleur qui n’y ont aucun droit, dans les données de la question. Soit ! mais je ne suis pas peu désireux de voir alors quelle balance exacte il va nous faire du doit et de l’avoir de chaque partie. Balance exacte ! je retiens le mot ; lecteur, ne l’oubliez pas non plus.

D’abord, il est un de ces comptes qui tend à disparaître : c’est le second, cette fiction légale par laquelle une part de la rente est assignée au sol, représenté par le tenancier ou propriétaire.

Si M. Proudhon n’était pas infatué de sa triste justice au point de se complaire dans la plus profonde ignorance de la science ; si, une fois dans sa vie, M. Proudhon avait pu songer à s’inquiéter de la théorie de la valeur d’échange, il se serait préoccupé d’abord de savoir si la terre a de la valeur ou n’en a pas, si elle est un capital, et si la rente est le prix du revenu de ce capital. Ensuite il se douterait peut-être aujourd’hui qu’il y a des lois qui lient en général la valeur du revenu à la valeur du capital ; en particulier le montant de la rente foncière à la valeur de la terre. Il saurait enfin qu’en pratique la rente foncière n’existe point hypothétiquement, mais très -