Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/63

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nifestations du fait de l’échange : entreprises, ventes et achats, etc., etc.

Cette façon d’entendre l’échange n’est point celle de M. Proudhon. Il aborde autrement la question : lui, tout au contraire, en cherche précisément les origines dans la morale.

Toute la moralité humaine, dit-il, dans la famille, dans la cité, dans l’État, dans l’éducation, dans la spéculation, dans la constitution économique, et jusque dans l’amour, dépend de ce principe unique : Respect égal et réciproque de la dignité humaine, dans toutes les relations qui ont pour objet soit les personnes, soit les intérêts.

Tout cela est assurément dit en fort mauvais termes. Peut-être est-ce très-neuf ; mais, à coup sûr, c’est très-vague. On comprend cependant que M. Proudhon pose, comme un principe de morale, le respect réciproque de la dignité de l’homme. Comment de là va-t-il passer à l’échange ? En concluant de la réciprocité du respect à la réciprocité du service.

La théorie de la Justice humaine, dans laquelle la réciprocité de respect se convertit en réciprocité de service, a pour conséquence de plus en plus approchée l’égalité en toutes choses. Elle seule produit la stabilité dans l’État, l’union dans les familles, l’éducation et le bien-être pour tous, d’après l’axiome 5, la misère nulle part.

Voyons un peu l’axiome 5. Le voici :

5. Rien ne peut être balancé par rien :—principe d’égalité et de stabilité.

L’axiome 5 est séduisant, la perspective de voir se produire la stabilité dans l’État, l’union dans les familles, etc., plus séduisante encore, s’il est possible. Avec tout cela quel rapport philosophique ou moral,