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ET LA JUSTICE.

liblement à sa suite ; 2o que le premier fait se produisant avec une certaine intensité, le second se produise toujours avec une intensité proportionnelle. Ainsi : concomitance perpétuelle des deux faits, proportionnalité constante de l’un à l’autre, telles sont les conditions d’un rapport de causalité qu’on puisse admettre.

À ces conditions l’utilité toute seule ne satisfait point : 1o Il y a des choses utiles qui n’ont point de valeur d’échange : l’air atmosphérique, la lumière solaire, etc. ; 2o Il y a des choses notoirement plus utiles que d’autres et qui ont cependant une valeur moindre. Et toutefois, sans utilité, pas de valeur possible.

Au contraire, toutes les fois qu’une chose utile, et par conséquent demandée, se trouve limitée dans la quantité offerte à la demande, et par conséquent rare, 1o elle a une valeur d’échange ; 2o elle a d’autant plus de valeur qu’elle est plus rare, c’est-à-dire plus demandée et moins offerte. Et le rapport mathématique de la demande à l’offre est l’expression, en son quotient, de la valeur.

De ces observations, il ressort avec une pleine évidence que le fait général de la valeur d’échange prend sa source dans la limitation en quantité des utilités qui les fait rares. Il y a cependant encore une remarque à faire. On pourrait analyser l’utilité, et la considérer successivement dans son intensité, suivant qu’elle est plus ou moins sérieuse ou médiocre ; dans son extension, suivant qu’elle est plus ou moins répandue ou restreinte ; dans sa direction,