Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/120

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de petits Vaisseaux y sont plus propres que d’autres. Il seroit donc fort à souhaiter qu’on fît reconnoître la Côte des Patagons, la Terre de Feu et celle des États, et qu’on examinât avec soin les nombreux Canaux, les Ports et les Rades qui s’y trouvent. Par-là l’entrée dans la Mer Pacifique nous deviendroit facile, et toute cette Navigation Méridionale plus sûre qu’elle ne l’a été jusqu’à présent. En particulier une description exacte de la Côte Occidentale des Patagons, depuis le Détroit de Magellan, jusqu’aux établissements des Espagnols, nous fourniroit peut-être de meilleurs Ports plus propres pour le rafraichissement de nos Vaisseaux, mieux situés pour des vues de guerre ou de paix, et à quinze journées de Navigation plus près des Iles de Falkland, que ne l’est l’Ile de Juan Fernandez. Ce n’est pas d’aujourdhui que cette Côte a paru digne d’attention, par le voisinage des Araucos et autres Peuples du Chili, qui sont toujours en guerre ou en assez mauvaise intelligence avec les Espagnols. Le Chevalier Jean Narborough fut envoyé exprès par le Roi Charles II pour reconnoître les Détroits de Magellan, la Côte des Patagons vers ces Détroits, et les Ports des Espagnols sur cette frontière ; avec ordre d’ouvrir, s’il étoit possible, quelque correspondance avec les Indiens du Chili, et d’établir avес eux quelque espèce de Commerce. Les vues de Sa Majesté en faisant faire ce voyage, n’étoient pas seulement de faire alliance avec ces Peuples sauvages, pour intimider les Espagnols et pour les геssеггег de ce côté-là ; il y envisageoit bien d’autres avantages, indépendans de ces motifs politiques ; il considéroit que le Commerce immédiat avec ces Indiens, pourroit être extrêmement avantageux à la Nation Angloise. On sait que le Chili, lorsque les Espagnols le découvrirent, produisoit de l’or, bien au-delà de ce qu’il en a rendu dans quelque période que ce soit, depuis qu’ils en sont en possession ; cela fait croire, que les Mines les plus riches ont été prudemment celées par les Indiens, qui craignoient de perdre leur liberté et d’exciter l’avarice et la cruauté des Espagnols. Mais dans le Commerce que ces Indiens pourroient faire avec les Anglois, ces raisons n’auroient pas lieu ; puisque nous pourrions leur fournir, non seulement des armes et des munitions de guerre, mais aussi des commodités dont ils ont appris l’usage depuis qu’ils connoissent les Espagnols. Sans doute, qu’alors ils ouvriroient volontiers leurs Mines, et se prêteroient avec empressement à un Commerce utile des deux côtés ; leur or, loin de leur attirer l’esclavage commе autrefois, leur procureroit des armes pour la défence de leur liberté