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aussi grand nombre de Veaux marins et de Lions marins ; en un mot ils jugèrent, que quoiqu’il y eût des inconvéniens à choisir cette Ile pour un lieu de relâche, elle pouvoit pourtant en servir en cas de nécessité, sur-tout pour un Vaisseau seul, qui auroit quelque raison de craindre de rencontrer à Juan Fernandez un Ennemi supérieur. Les deux Planches ci-jointes donnent deux vues de cette Ile, l’une du N. E. et l’autre du Sud. Voila tout ce que j’avois à en dire.

Nous employâmes la fin du mois d’Aout à décharger les provisions de la Pinque ; et nous eumes le chagrin de nous apercevoir qu’une grande partie de notre biscuit, ris, gruau, etc. étoit gâtée. Ce malheur venoit de ce que ce Bâtiment, ayant beaucoup travaillé, dans de rudes Tempêtes, avoit fait eau, ce qui avoit été cause que plusieurs des barriques, dont il étoit chargé, s’étoient pourries, & que les sacs avoient été mouillés. La Pinque, après que nous l’eûmes déchargée, nous étant inutile, le Commandeur, suivant les ordres qu’il avoit de l’Amirauté, fit savoir à Mr. Gerard, Maitre de ce Vaisseau, qu’il lui donnoit son congé, et lui remit un certificat du tems qu’il avoit servi. Avec cet Acte, Mr. Gerard étoit en liberté de ramener son Bâtiment en Angleterre, ou de gagner tel Port, où il eût cru pouvoir trouver à charger, au plus grand profit de ses Propriétaires ; mais il savoit trop bien que son Bâtiment n’étoit pas en état d’entreprendre un tel voyage. Il écrivit donc le lendemain, en réponse à Mr. Anson, que la grande quantité d’eau que faisoit la Pinque, durant le passage autour du Cap Horn, et dans les Tempêtes qu’ils avoient eues sur les Côtes du Chili, lui faisoit craindre que le fond de cale n’en fût en mauvais état : que les Oeuvres mortes vers la Poupe étoient pourries ; que le Bau de Lof étoit rompu, et qu’enfin, il ne croyoit pas possible que ce Vaisseau pût tenir la Mer sans être entièrement radoubé. La conclusion étoit une prière au Commandeur, qu’il lui plût d’ordonner aux Charpentiers de l’Escadre, de visiter ce Bâtiment et d’en faire leur rapport. C’est ce que Mr. Anson accorda, et les Charpentiers eurent ordre de faire cette visite avec tout le soin possible, d’en faire leur rapport par écrit et signé d’eux tous ; et d’y apporter d’autant plus d’attention, qu’ils devoient être prêts à confirmer ce rapport en tems et lieu, par serment. Conformément à ces ordres, les Charpentiers se mirent d’abord à visiter la Pinque, et firent le lendemain le rapport suivant : Que l’Anne n’avoit pas moins de douze Courbes et de quatorze Baux rompus ou fort endommagés ; qu’un des Courbatons de Beau-