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sement des Equipages ; et qu’en plusieurs occasions elles sont capables d’empêcher la cruelle maladie dont nous parlons de se manifester. Tout ce que je voulois prouver, est proprement, que dans certains cas cette maladie ne sauroit être, ni prévenue, ni guérie, quelque chose qu’on fasse, et quelque remède qu’on emploie sur Mer. J’ose assurer, que quand elle est arrivée à un certain point, le Malade ne peut être guéri, à moins qu’on ne le porte à terre, ou du moins à une petite distance du rivage. Il sera peut-être difficile d’aquerir jamais une connoissance ехаcte de la cause de ce mal, mais on conçoit aisément en général, qu’il faut un renouvellement continuel d’air frais pour entretenir la vie des Animaux, et que cet air sans perdre son élasticité, ni aucune de celles de ses propriétés, qui nous sont connues, peut être tellement altéré par les vapeurs qui s’élèvent de l’Océan, qu’il en devienne moins propre à conserver la vie à des Animaux terrestres, à moins que ces vapeurs ne soient corrigées par une autre sorte d’exhalaisons, que peut-être la Terre seule est capable de fournir.

J’ajouterai à ce que je viens de dire au sujet de cette maladie, que notre Chirurgien, qui attribuoit à la rigueur du Climat le Scorbut dont nos Equipages furent si cruellement maltraités durant le tems que nous employames à doubler le Cap Horn, n’oublia rien dans les circonstances présentes, pour guérir, ou du moins pour soulager nos Malades, mais avoua à la fin, qu’il y perdoit absolument ses soins et ses peines. Cet aveu détermina le Commandeur à essayer deux remèdes, dont on avoit beaucoup parlé immédiatement avant son départ d’Angleterre, savoir les Pilules et les Goutes de Mr. Ward. Quoique les effets de ces remèdes fussent quelquefois, à ce qu’on disoit, très violens, on jugea néanmoins devoir en faire l’essai, la mort de nos Malades paroissant sans cela inévitable. On donna donc un des remèdes, ou tous deux, à diverses personnes, dans tous les degrés de la maladie. Un de ceux, sur qui on faisoit l’essai, commença à saigner violemment du nez. Le Chirurgien l’avoit déjà condamné, et il s’en falloit peu qu’il ne fût à l’agonie ; mais il se trouva bientôt mieux, et sa santé se fortifia ensuite de plus en plus, quoique lentement, jusqu’à ce que nous eussions gagné terre, ce qui arriva environ quinze jours après. Quelques autres sentirent un soulagement, qui ne dura que quelques jours, au bout desquels ce fut précisément la même chose qu’auparavant : cependant, ni ceux-ci, ni ceux des autres, qui ne furent point soulagés, ne se trouvèrent pas plus mal, que s’ils n’avoient rien pris du tout. La pro-