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Après avoir descendu l’escalier, ils pénétrèrent dans l’office. L’hôtesse s’avança à leur rencontre.

— Je désirerais, madame, obtenir quelques renseignements sur cette pauvre victime. Je pense que vous serez à même de me les fournir.

— Volontiers, monsieur, reprit la dame, avec une certaine intonation de voix qui dénotait d’une part le chagrin que lui causait la fin tragique de sa locataire et d’autre part l’importance que cet événement communiquerait à l’hôtel Saint-André assez obscur jusque-là. Que me voulez-vous ? ajouta-t-elle.

— D’abord, reprit Lafortune, le nom de votre pensionnaire !

— Elle se faisait appeler Julia Russel. Mais j’ai tout lieu de croire, répondit-elle, avec une certaine insistance, que ce n’était pas son véritable nom. Je lui ai vu un mouchoir, la seule pièce de son linge qui fut marquée, avec le chiffre J. C.

— Et depuis combien de temps était-elle chez vous ?

— Depuis quinze jours, monsieur.

— Sortait-elle souvent !

— Non ; la soir seulement, et pas longtemps ; une demi-heure, une heure tout au plus.

— Ne savez-vous rien qui puisse nous éclairer ? dît Lafortune. N’avez-vous rien remarqué de particulier ?

— Ah ! je me souviens, dit tout à coup la femme ; hier, — oui, c’était bien hier — je lui ai remis une lettre. Après l’avoir lue, elle a poussé un petit cri et prononcé ces paroles : — « Ah ! j’aimerais mieux être morte que de me trouver en face de lui. »

— C’est bien, madame, dit Lafortune ; il me reste à vous remercier de votre complaisance.

Puis, étant sortis de l’hôtel, nos deux amis se séparèrent, après une courte conversation, pour regagner leur domicile respectif.

CHAPITRE II
UNE IDYLLE INTERROMPUE

Quittons, pour un instant, ces scènes lugubres et sanglantes ; et si vous voulez nous suivre, ami lecteur, vos yeux se repose-