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CHAPITRE II.


En l’année 1488, Albert Cattanée, archidiacre de Crémone et légat du pape Innocent viii, se disposait à commettre les barbaries qui plus tard excitèrent l’indignation de Milton et de Cromwell[1] ; mais, repoussé de tous côtés par les Vaudois du Piémont, il abandonna leurs vallées et traversa le mont Genèvre pour aller attaquer les Vaudois du Dauphiné, qui étaient plus faibles et plus disséminés. Il envahit la vallée de la Durance, à la tête d’une armée composée, dit-on, moitié de troupes régulières, moitié de vagabonds, de voleurs et d’assassins. Pour les attirer et les retenir sous sa bannière, il leur promettait à l’avance l’absolution de tous leurs crimes, il les relevait des vœux qu’ils pouvaient avoir prononcés, et il leur garantissait la possession de tous les biens qu’ils avaient acquis par la violence.

Le Grand-Pelvoux de Vallouise.

Les habitants de la Vallouise, s’enfuyant devant une armée dix fois supérieure en nombre vinrent se réfugier dans cette caverne, où ils avaient amassé des provisions suffisantes pour deux années. Mais l’intolérance est toujours industrieuse : leur retraite fut découverte. Cattanée avait un capitaine qui joignait

    cle singulier : Item, pour la persécution des Vaudois, huit sols et trente « deniers d’or. », (Muston, vol. i, p. 38.) — Le 22 mai 1393, quatre-vingts personnes des vallées de Freissinières et d’Argentière et cent cinquante personnes de Vallouise furent brûlées à Embrun. (Muston, vol. i, p. 41.)

  1. Voyez l’Histoire des Églises évangéliques du Piémont, par Morland, 1658; les Actes de Cromwell, 1658; et le Journal de Burton, 1828.