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CHAPITRE XVIII.

Nous campâmes sur le Couvercle (2377 mètres) à l’abri d’un grand rocher. Le lendemain matin, à trois heures quinze minutes, nous en partîmes pour faire l’ascension de notre Aiguille, laissant la tente et les provisions à la garde du porteur. En deux heures de marche sur une neige cassante, nous avions monté de 1220 mètres et nous étions à moins de 487 mètres du sommet. C’est la direction dans laquelle on peut s’en approcher le plus près et le plus facilement. Mais, à partir de cet endroit, la montagne devient très-escarpée. Almer se sentait une inclination bien naturelle pour les rochers depuis le rude travail qu’il avait dû accomplir pendant notre dernière expédition ; et, bien que les rochers inférieurs du pic terminal de l’Aiguille Verte fussent fort peu engageants, notre guide y cherchait du regard, tout en montant, un chemin praticable. Nous arrivâmes ainsi en face d’un grand couloir de neige qui conduisait tout droit du glacier de Talèfre sur la crête de l’arête qui relie le sommet de l’Aiguille Verte à la montagne nommée les Droites. C’était bien là le chemin que je voulais suivre ; mais Almer me fit remarquer que le couloir se rétrécissait à sa partie inférieure, et que, s’il y tombait des pierres, nous courrions grand risque d’avoir la tête brisée. Cette bonne raison nous obligea d’aller encore plus à l’est du sommet chercher un autre couloir plus petit parallèle au grand. Nous traversâmes à cinq heures trente minutes la schrund qui protégeait la base du pic supérieur ; quelques minutes après, nous découvrions le sommet et tout l’espace qui nous en séparait encore. Almer s’arrêta en s’écriant : « Oh ! Aiguille Verte, vous êtes morte, et bien morte ! » Dans son vocabulaire, cela signifiait qu’il se sentait absolument certain d’arriver au sommet.


    consacrées à la structure veinée, rubanée ou laminée des glaciers, parce qu’elles me paraissent manquer tout à la fois de précision et de conclusion. M. Whymper attribue à deux causes principales la plupart des veines de glace bleue que l’on remarque dans les glaciers : 1o à l’eau qui gèle dans les crevasses ; 2o à la fermeture des crevasses. Il termine ainsi : Lorsqu’on considère les myriades de crevasses qui existent dans chaque glacier, qui se ferment et qui s’ouvrent incessamment, il est aisé de comprendre qu’un grand nombre des veines de glace pure, qui constituent la structure veinée des glaciers, doivent être regardées comme des escarres de crevasses guéries.