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ÂME BLANCHE

même salon plein d’ombre, d’où je croyais que les hommes noirs allaient se retirer.

Mais il n’en fut rien, et je demeurai stupéfaite d’entendre l’un d’eux faire cette réponse à la vieille fille :

— Il n’importe, Madame. La présence de M. Veydt ici n’est pas indispensable à la pénible mission que nous avons à remplir et dont je vous révélerai le caractère particulièrement délicat quand nous serons seuls. Veuillez, toutefois, faire ouvrir les contrevents qui masquent les fenêtres de cette chambre.

Plus pâles, beaucoup plus pâles que je ne les avais jamais vues, devinrent les joues de ma tante, pendant qu’elle ordonnait à la bonne d’agir selon le vœu de ces messieurs, et d’ouvrir tout de suite les volets. Cependant, elle avait remarqué l’homme qui m’accompagnait ; et, très digne, très maîtresse d’elle-même en dépit d’une émotion que décelait tout son aspect physique :

— Permettez, en ce cas, Messieurs, que je termine d’abord avec ma nièce.

Et elle ajouta, les lèvres frémissantes, ses yeux inquiets tournés vers moi :

— Qu’est-ce encore, dites-moi, Line ?

Dans un discours haletant, bref et confus, Flup et moi nous le lui dîmes. Les sombres visiteurs, discrètement, regardaient par la fenêtre, maintenant transparente, d’un air détaché.