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ÂME BLANCHE

Aussi, ces récréations, ordonnées à ma faiblesse et qui auraient dû contribuer à mon entière guérison, se bornèrent, bientôt, à peu de chose : la couturière s’installait sur un banc, hors de la vue du logis ; moi, j’étais sur ma petite chaise, à ses pieds, avec Zoone dans mes bras. Véronique raccommodait le linge et, parfois, en cachette, me taillait bien vite une robe ou un manteau de poupée dans un bout de taffetas rose dont elle m’avait fait cadeau et que j’allais m’appliquer à coudre de mon mieux. Cette Mlle Zoone, qui me venait de ma pauvre maman, m’était restée ardemment chère. Un peu de l’autrefois, de plus en plus vague dans mon souvenir, mais, toujours, regretté, demeurait pour moi au fond de ses grands yeux d’émail qui n’avaient point changé depuis notre départ de la maison. Cette poupée était de ma famille, à ce qu’il me semblait, bien plus étroitement que tous les Veydt de la rue Marcq. Avec elle, je causais du temps passé… Et que m’importait que je fisse les demandes et les réponses ? — Je savais bien que Zoone me comprenait et elle était pour moi évocatrice de tant de choses lointaines dont, sans sa constante présence, j’eusse peut-être perdu la mémoire ! Toutes mes tristesses, toute la poignante nostalgie dont souffrait confusément mon âme d’enfant privée de mère, cette poupée en eut le spectacle et la confidence. Et ce m’était une espèce de soula-