Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/21

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— C’est une longue histoire, dit Erskine, me reprenant la peinture des mains d’une façon que je jugeai alors presque brutale… C’est une longue histoire, mais si vous avez envie de la connaître, je vous la dirai.

— J’aime les théories sur les Sonnets, m’écriai-je, mais je ne crois pas que je sois en disposition d’être converti à quelque idée nouvelle. La question n’est plus un mystère pour personne et, certes, je suis surpris qu’elle ait jamais été un mystère.

— Comme je ne crois pas à la théorie, je ne ferai nul effort pour vous la faire adopter, dit Erskine en riant, mais elle peut vous intéresser.

— Dites-la moi, parbleu ! répondis-je. Si la théorie est à moitié aussi délicieuse que la peinture, je serai plus que satisfait.

— Eh bien ! reprit Erskine en allumant une cigarette, je dois commencer par vous parler de Cyril Graham lui-même.

Lui et moi nous habitions la même maison à Eton.

J’avais un ou deux ans de plus que lui,