Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/245

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— Jadis, répondit l’ermite, j’ai possédé vraiment la parfaite connaissance de Dieu, mais dans ma folie je l’ai partagée et je l’ai divisée entre bien d’autres hommes. Même encore maintenant pareille ressouvenance est et demeure pour moi plus précieuse que la pourpre et les perles.

Et quand le jeune voleur entendit cela, il jeta la pourpre et les perles qu’il portait dans ses mains et, tirant une épée pointue d’acier recourbé, il dit à l’ermite :

— Donnez-moi sur l’heure cette connaissance de Dieu que vous possédez ou je vais vous tuer sans hésiter. Pourquoi ne tuerai-je pas celui qui possède un trésor plus grand que mon trésor ?

Et l’ermite étendit ses bras et dit :

— Ne vaudrait-il pas mieux pour moi d’aller dans les cours les plus éloignées de la maison de Dieu et le louer que de vivre dans le monde et de ne pas le connaître ? Tuez-moi si c’est votre volonté. Mais je ne livrerai pas ma connaissance de Dieu.

Et le jeune voleur tomba à genoux et le