Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/348

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perfection. Ce n’est qu’une chose provisoire, une protestation. Elle ne vise que des milieux mauvais, insalubres, injustes.

Quand le mal, la maladie, l’injustice auront été écartés, elle cessera d’avoir une place. Elle aura accompli sa tâche.

Ce fut une tâche considérable. Mais elle est presque entièrement achevée, et sa sphère diminue de jour en jour.

Et l’homme ne manquera pas de s’en apercevoir.

En effet, ce qu’a cherché l’homme, c’est non pas la souffrance, ni le plaisir, c’est simplement la vie.

L’homme s’est efforcé de vivre d’une manière intense, complète, parfaite. Quand il pourra le faire sans imposer de contrainte à autrui, sans jamais en subir, quand toutes ses facultés actives lui seront d’un exercice agréable, il sera plus sain, plus vigoureux, plus civilisé, plus lui-même. Le plaisir est la pierre de touche de la nature, son signe d’approbation. Lorsque l’homme est heureux, il est en harmonie avec lui-même et avec ce qui l’entoure.