Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/69

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le « seigneur de son amour à qui il a été lié en vasselage »[1], le délicat favori du plaisir[2], la « rose de tout l’univers »[3], le « héraut du printemps »[4] « paré de la superbe livrée de la jeunesse »[5], le « ravissant garçon qui est une douce musique pour son auditeur »[6] et dont « la beauté était le vrai vêtement du cœur » de Shakespeare[7], de même qu’il était la clé de voûte de sa force dramatique.

Combien me paraissait amère maintenant toute la tragédie de sa désertion et de sa honte qu’il rendait « douce et jolie[8] » par la pure magie de sa personne, mais qui n’en était pas moins honte.

Pourtant, si Shakespeare l’a pardonné, pourquoi ne lui pardonnerons-nous pas aussi.

  1. Sonnet CIX, 14.
  2. Sonnet VIII, 1.
  3. Sonnet XXVI, 1.
  4. Sonnet I, 10.
  5. Sonnet XXII, 6.
  6. Sonnet CXXVI, 9.
  7. Sonnet II, 3.
  8. Sonnet XCV, 1.