Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/45

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une coupe en bois de hêtre, pleine d'un lait écumant,

 une belle étoffe où étaient ingénieusement
 représentés des chiens en chasse, un rayon de miel
 tout débordant d'or encore liquide que l'abeille
 avait à peine fini de travailler, ou une outre noire,
 pleine d'huile, préparée pour les lutteurs, la dépouille
 hérissée, ornée de ses défenses, d'un énorme
 sanglier,
 dérobée à Artémis, cette vierge jalouse, pour
 plaire à Athéné, et la peau tachetée d'un grand
 daim, que la flèche était allée atteindre au milieu
 d'un bosquet de la montagne. Et alors le héraut
 fit un appel, et des colonnes du portique s'avancèrent
 un à un les Grecs joyeux, enchantés d'avoir
 fait leurs modestes offrandes.
 Et le vieux prêtre éteignit la flamme languissante,
 à l'exception de la lampe unique, rubis tremblotant,
 qui brillait perpétuellement dans la cella. Les sons
 perçants des lyres s'amoindrirent sous le vent, à
 mesure que les campagnards s'éloignaient en
 dansant. Et d'un bras vigoureux, le gardien ferma
 les portes de bronze poli.
 Charmidès resta longtemps immobile, osant à
 peine respirer, écartant le bruit cadencé que faisaient
 en tombant les gouttes de vin elles pétales de roses
 qui se détachaient des guirlandes, pendant que la
 brise nocturne errait par le sanctuaire. On eût dit