Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/99

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 Parlez donc, Lauriers de Rydal, où est Celui
 dont vous avez ombragé le doux front, où est cette
 âme pure qui, en ses jours de gracieuse majesté
 sans couronne, a, malgré son humble carrière,
 atteint le but grandiose où s'unissent amour et
 devoir. Lui, du moins, il sut satisfaire les lois les
 plus hautes, et il s'assit au festin de la Sagesse.
 Mais nous autres, nous sommes les bâtards de
 l'Erudition; nous savons par coeur le sonore mot
 de passe de toutes les écoles grecques, et nous n'en
 prisons aucune. L'Épée sans défaut qui abattit
 l'Hydre païenne est un instrument sans vigueur,
 que nous avons nous-mêmes émoussé. Quel homme
 de nos jours escaladera les augustes, antiques sommets,
 et se courbera devant le Respect vénérable?
 Il est vrai, j'en ai connu un, mais, par Schabod!
 il a disparu, ce dernier et cher fils de l'Italie, qui
 étant homme est mort pour la cause de Dieu, et ses
 os reposent en paix[9]. Oh! garde-le, garde-le bien,
 ma Tour de Giotto, lis de marbre dans la ville des
 lys, ne permets pas aux caprices farouches de la
 tempête

[Note 9: Mazzini.]

 de tourmenter son sommeil, interdis à l'Arno de
 lancer ses eaux troubles et jaunes par-dessus ses
 bords: jamais plus puissant vainqueur ne gravit