Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/169

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régime est une des rares choses qui m’aient réussi dans la vie : je poussai mes dents de bonne heure, et à trois ans, je possédais déjà des jambes d’acier.

Le poète se pencha, et, avec de gros yeux mi-attendris, mi-furibards, contempla ses chers membres inférieurs :
Il alluma une cigarette.

— C’est utile pour un pauvre aède tel que moi, toujours obligé de regarder à quarante sous. Pourrait-on croire, à me voir ainsi abonné du train onze, que je sors — je ne dis plus de la cuisse de Zens — mais du lit où fornique un prince ?… Dérision lugubre !

D’un geste de dépit, Maurice jeta loin sur le pavé de l’avenue, à travers les ténèbres que les réverbères bleutaient imbécilement, sa cigarette inspiratrice. Il en incendia une autre, leva la tête vers le ciel, d’un noir immense, profond. Ce noir-là consolait de bien des déboires.