Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/25

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Une cruauté, une hésitation, enfin une convoitise passèrent tour à tour dans ses yeux, et elle sourit. Sourire lascif où étincelaient des dents admirables :

— Après tout, mon ami Pierrot, voici mon bras, murmura-t-elle. Faites-en ce qu’il vous plaira.

Il fut ravi du joli geste, et, gentiment, il lui prit la main, la baisa.

— Attendez au moins que je me dégante.

Ce gant ôté, Lauban le fourra dans sa poche, et, cette fois, il baisa la main nue.

Une main blanche et fine, petite mais carrée, qui révélait le sang-froid, le commandement, l’égoïsme ; une main ferme, dure, En la caressant, l’ami Pierrot pensa :

— C’est un marteau, cette main-là, une tenaille.

Déjà il s’alarmait ; prompt, il se rassura :

— Un casse-noisette.

Et, émoustillé soudain, il baisa lentement, un à un, les ongles qui, pointus, dénotaient l’amour des arts, du beau, du mensonge. Durant ce jeu, Gaëtane frémit à deux ou trois reprises. Lauban s’enorgueillit de ces frémissements.