Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/36

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Des parfums rares. Et le poète s’en grisa. Or, la bouche aussi sentait bon : des parfums trop exquis pour être naturels, une odeur trop complexe pour être humaine, un arôme non pas de femme, mais de fleurs, une saveur non pas de salive, mais de pralines. Et il mordit de nouveau cette bouche comme il eût entamé avec les dents une dragée, plusieurs dragées, comme il eût mâché des violettes, des jasmins, des œillets, des roses.

Cependant, sous les dentelles taciturnes, ses doigts, activement, tâchaient à découvrir, ici ou là, plutôt ici, d’autres roses, d’autres dragées, encore un autre œillet, encore une praline.

Des fleurs, des sucreries ! Oh ! vraie dînette de Pierrot, médianoche improvisé, ambigu au clair de la lune ! L’étalerait-il, ce repas suave et léger, et vivant, sur l’une des dalles planes du vestibule — l’idée qu’il faudrait, après, rincer la dalle, ne l’inquiéta point — ou bien sur le sable mamelonné (lui aussi) du jardin ? Incertitude d’une seconde… et un coup de vent emporta le lunch.