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ASIE — JAPON — NAGOYA — SHIMONOSEKI

récolte de riz qui est supérieur au riz de la Chine, et s’approvisionne à bon marché chez cette dernière. Il vend très cher, commande les hauts prix sur le marché et achète à bon compte. Qu’arriverait-il si la récolte manquait ?

23 novembre — À 9 heures 20 a.m., à la queue leu leu, en ricksha, nous filons à la gare, prendre le train pour Kyoto. Il pleut ; nous traversons la région d’Uji, célèbre par la culture de son thé renommé dans le monde entier, et qui atteint le prix d’un dollar la livre, ici-même. C’est en mai qu’on le récolte. Rien de plus joli que les coteaux, les flancs de montagnes, les bords de ruisseaux, les jardins, les plaines immenses couvertes de ces arbustes nains arrondis en petits dômes comme des buis, de deux ou trois pieds de hauteur et toujours verts, d’une teinte qui rappelle celle de la feuille du laurier, un peu plus foncé cependant. Notre arbuste aux bluets (airelle) lui ressemble un peu.

Les orangers réapparaissent ; ils jaunissent leurs jolies boules qui seront succulentes en décembre. Nous en aurons dans les fenêtres de notre chambre, tout à l’heure, à Kyoto, si près que nous les pourrons cueillir de la main.

Uji a un autre titre à la gloire que son thé. C’est hors ses murs qu’en 1180 le terrible Yorimara, à la tête de trois cents hommes, résista à vingt mille guerriers du clan de Taira, et que sa mort héroïque fit d’Uji les Thermopyles de la terre nippone. Un temple, élevé à l’endroit, à sa mémoire, redit ce haut fait aux générations. Il a nom temple du Phénix, indiquant par là que la valeur renaît toujours de ses cendres et ne meurt jamais. Une reproduction fidèle de ce temple fit l’admiration de tous ceux qui visitèrent l’exposition de Chicago, en 1893.

Trente milles séparent Nara de Kyoto. Sur le parcours, nous saluons, à Momoyama, le magnifique tombeau de l’empereur Mutsu-lto qui, depuis neuf ans, dort de son dernier sommeil à côté de l’impératrice qui le suivit de près dans la mort et dont le mausolée est aussi de toute splendeur. Il est interdit aux simples mortels de fouler de leurs pieds profanes le sol sacré où ils reposent. On n’approche ici