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prière. Ce jardin est une merveille de kiosques, d’arbres exotiques et de fleurs. Un bassin, alimenté par des sources d’eau verte, est affecté au bain ; il mesure trois ou quatre arpents de côté et est rempli de poissons rares. Un beau verger de manguiers l’ombrage.

Du côté de l’est, s’élève le temple de Siva ; la coupole recouvre le lingam gardé par la statue de bronze d’un taureau, la monture favorite de Siva. Le palais est situé sur la rive droite du Gange, et de la galerie du premier étage où nous sommes montés, nous jouissons d’une vue superbe de Bénarès. L’aile de droite est réservée aux femmes. Elles ne sortent que voilées et en palanquin. Une fois l’an, elles vont à Bénarès se plonger dans le fleuve sacré. À cette occasion, on recouvre l’escalier par où elles descendent au fleuve, pour qu’elles ne soient vues de personne. Une carène décorée avec goût est amarrée à l’escalier qui conduit au petit temple à l’usage exclusif de la famille, et attend le bon plaisir des maîtres et maîtresses du palais.

Au retour, nous croisons la voiture du maharajah qu’un serviteur évente, avec un flabellum blanc, fait de grandes plumes d’autruche ; un autre tient un grand parasol déployé sur sa tête. Il nous honore d’un gracieux salut que nous lui rendons. C’est un homme dans la soixantaine et de belle prestance. Il est très dévot et hindou jusqu’à la moelle. Il n’a jamais voulu aller en Angleterre, faire sa cour au Roi-Empereur qu’il a reçu chez lui pourtant. Une photographie dans la salle de réception en fait foi. J’y ai vu aussi les portraits à l’huile de la série des maharajahs, ses ancêtres. Il est très riche, dit-on, et possède de grands domaines. Son troupeau d’une cinquantaine d’énormes éléphants est un des plus beaux qui soient en Hindoustan. J’en ai photographié un superbe qui revenait des champs, chargé de fourrage vert. Le bon Jumbo posa pour moi de bonne grâce et me fit de son énorme trompe, des salams que je lui rendis avec moins d’emphase en enlevant mon