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doigts de pieds en sont tout garnis ; les femmes sont pour la plupart presque nues de la tête aux hanches. Une brassière retient la poitrine dont on voit le dessous. Comme la mode varie selon les pays ! Chez nous, le grand chic consiste à laisser voir le dessus de la poitrine, ici c’est le dessous ; à Java et en Birmanie c’est… le tout. Vous n’avez pas à récriminer ; c’est la mode… qui fait loi.

23 mars — Nous sommes arrivés, hier soir, près d’une heure en retard. C’est un record pour les chemins de fer indiens qui sont d’une lenteur désespérante. Installation à l’hôtel Jeypour, tenu par un Perse, un Parsi, pour employer le mot consacré. Nous y retrouvons le tub, l’urne aux ablutions, le… que nous appelions le ming-tomb en Chine, la kitty à Hong-Kong, le gramophone à Singapour. Cet intéressant petit meuble est devenu la commode (prononcez à l’anglaise), aux Indes.

Notre chambre est éclairée par une lampe à l’huile. En ajustant la mèche, je me surprends à fredonner :


« Dans un grenier,
« Qu’on est bien à vingt ans ! »


Mais, il n’y a pas à faire des façons, le Jeypour Hotel est le plus grand, le plus beau de l’endroit, étant l’unique. S’il vous plaît, ne m’interrogez pas au sujet du menu ; nous sommes en Semaine sainte.

Des animaux peints ou peinturés (à votre choix !), errent dans les rues ; c’est la mode, au pays, d’avoir des animaux bleus, jaunes, rouges, verts.

Depuis notre entrée aux Indes nous voyons des singes partout, mais surtout depuis Delhi. Ils sont de forte taille, à figure noire comme de l’encre, à fourrure gris argent, et des queues ! Ils grimpent aux arbres, au faîte des gares, et attendent l’arrivée des trains. Les voyageurs leur donnent des graines, des noix, des fruits qu’ils viennent effrontément quérir aux portes et aux fenêtres des wagons sur lesquels ils gambadent jusqu’au départ ;