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« Ne mettez votre petit champ
Sous racines de banian,
Ni vos écus
Sous griffes de Crésus. »


Le jardin zoologique, sans être des plus beaux, vaut la peine d’une promenade à travers ses vertes pelouses, ses plantes exotiques et ses plates-bandes fleuries. J’y ai vu un bébé tigre et un vieux roi de la jungle atteint de cécité. Il montre les crocs et sort les griffes quand même.

27 mars — Jour de Pâques. Nous assistons à la grand’messe à une église près de l’Hôtel Taj-Mahal. Jolies fresques, mais aux nuances un peu criardes. L’artiste consciencieux a voulu conserver la couleur locale. Il a peint dans le plafond de droite de l’abside, pour représenter la Charité, une femme qui porte son enfant à cheval sur la hanche, à la mode du pays. L’officiant a fait la procession dans l’allée centrale, en aspergeant l’eau bénite sur la tête des fidèles.


« Vidi aquarn egredientem
« De templo a latere dextro. »


Lorsque nous sommes dans une église catholique, nous ne nous sentons plus en pays étranger ; nous sommes chez nous. Les religions sont les mères des peuples. Dites-moi quelle religion pratique une population et je vous dirai ce qu’elle est. Si elle n’a pas de religion, c’est une communauté sans nom. Ce n’est plus un peuple, c’est un troupeau à l’aventure, abandonné.

Il y a du joli chant, messe en musique par un chœur mixte. Dans l’après-midi, comme à Singapour, à Hong-Kong et à Penang, nous faisons le tour de l’île en auto. Nous retrouvons le frais ombrage des plantations de cocotiers, les mêmes huttes indigènes, les mêmes bungalows, blancs, rouges, verts ou bleus des riches planteurs, la même demi-nudité de la population indigène.

Nous croisons deux cadavres hindous que l’on va brûler aux ghats, et une procession de mahométans en