Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/192

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sphère assez de matériaux pour constituer une lune, double condition à laquelle une puissance d’attraction trop faible ne pourrait satisfaire. Aussi ce ne sont que les planètes douées d’une grande masse et suffisamment éloignées du Soleil qui possèdent des satellites. Jupiter et Saturne, les deux plus grosses et les deux plus lointaines des planètes, ont le plus grand nombre de lunes. La Terre, beaucoup plus petite, n’en a qu’une en partage ; et Mars qui, en raison de sa distance, aurait quelque droit à une semblable faveur, en est privé en raison de la petitesse de sa masse.

C’est un véritable plaisir de voir comment cette même attraction de la planète, qui a fourni les matériaux pour la formation des satellites, et en a en même temps déterminé les mouvements, étend ensuite son influence jusqu’au corps même de cette planète, et par le même mécanisme qui lui a donné naissance, lui communique une rotation autour d’un axe, dans le sens général de l’ouest à l’est. Les particules de la matière qui tombent vers le noyau ont reçu, nous l’avons dit, un mouvement commun de rotation de l’ouest à l’est ; elles tombent en majeure partie sur la surface de la planète dont elles accroissent le noyau, parce qu’elles n’ont pas le degré exact de vitesse qu’il leur faudrait pour circuler librement sur des orbites. Après s’être incorporées ainsi à la masse de la planète, elles continuent nécessairement à se mouvoir comme auparavant du même mouvement de rotation et dans la même direction. Et comme tout ce qui précède nous a appris que la multitude des particules que le manque de vitesse force à se précipiter sur le corps central dépasse de beaucoup le nombre de celles qui ont pu acquérir l’exact degré de vitesse nécessaire, on voit aisément pourquoi la rotation des planètes est loin d’atteindre la vitesse qui produirait à leur surface l’équilibre entre la pesanteur et la force centrifuge ; et aussi pourquoi, chez les planètes de grande masse et situées à grande distance, elle est beaucoup plus rapide que chez les planètes petites et voisines du Soleil. En fait, c’est Jupiter qui a la plus grande vitesse de rotation que l’on connaisse ; et je ne vois pas par quel système on pourrait accorder cette vitesse avec une masse qui dépasse celle de toutes les autres planètes, si l’on ne regardait son mouvement comme un effet de l’attraction même qu’exerce cet astre en raison de cette énorme masse de son noyau. Si la rotation axiale était l’effet d’une cause extérieure, Mars