Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/215

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une cause je ne sais laquelle, a commencé la première formation de la nature au sein du Chaos, là a dû se former la plus grande masse, un corps doué d’une attraction extraordinaire, qui est ainsi devenu capable de forcer tous les systèmes en formation dans l’énorme sphère de son activité, à tomber vers lui comme leur centre, et à former autour de lui un immense système, qui reproduit dans d’immenses proportions celui que la même matière élémentaire a formé autour du Soleil. L’observation met cette hypothèse à peu près hors de doute. La foule des astres, par sa disposition générale par rapport à un plan fondamental, constitue un système, tout comme les planètes de notre monde solaire autour du Soleil. La Voie lactée est le zodiaque de ces mondes d’ordre supérieur, qui s’écartent aussi peu que possible de sa zone ; et cette bande est éternellement illuminée de leur éclat, comme le zodiaque des planètes s’éclaire çà et là de leur lumière, en un petit nombre de points il est vrai. Chacun de ces soleils, avec les planètes qui l’entourent, forme un système particulier, mais cela ne les empêche pas d’être les membres d’un plus grand système ; de même que Jupiter et Saturne, malgré leur cortège de satellites, sont compris dans la constitution systématique d’un monde encore plus grand. Peut-on ne pas reconnaître une même cause et un même mode de développement à des mondes dont la constitution concorde d’une manière si frappante ?

Mais si les étoiles forment un système, dont l’étendue est définie par la sphère d’attraction du corps qui en occupe le centre, ne peut-il pas exister plusieurs systèmes de soleils, et pour ainsi dire, plusieurs Voies lactées, qui se sont développés dans les champs illimités de l’espace ? Nous avons reconnu avec admiration dans le Ciel des formes qui ne sont autre chose que des systèmes d’étoiles groupées autour d’un plan commun, des Voies lactées, si j’ose m’exprimer ainsi, qui, différemment inclinées par rapport à nous, se présentent sous une forme elliptique, avec un éclat affaibli en proportion de leur distance infinie ; ce sont des systèmes d’un diamètre un nombre infini de fois infiniment plus grand, pour parler ainsi, que le diamètre de notre système solaire ; mais ils sont sans aucun doute produits de la même façon, ordonnés et réglés par les mêmes lois et ils se conservent par un mécanisme analogue à celui de notre propre système.