Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/252

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de résulter du mécanisme de la formation des planètes. Mais les choses sont en réalité tout autrement disposées ; une orbite planétaire par rapport aux deux orbites qui la comprennent entre elles se trouve souvent plus éloignée de celle que décrit l’astre le plus petit que de l’orbite de la plus grande masse ; au contraire, la largeur de l’intervalle autour de l’orbite de chaque planète est toujours en rapport avec la masse de celle-ci. Il est donc évident que c’est le mode de génération qui a dû déterminer ces rapports ; et puisque ces deux conditions semblent reliées l’une à l’autre comme la cause à l’effet, la meilleure explication à en donner est d’admettre que les espaces compris entre les orbites ont servi à contenir les substances dont se sont formées les planètes. Il suit immédiatement de là que la grosseur des planètes doit être proportionnée à leur masse, rapport qui, pour les plus éloignées, doit être accru en raison de la plus grande diffusion de la matière élémentaire dans ces régions. Ainsi, de deux planètes qui possèdent des masses presque égales, la plus éloignée a dû disposer d’un espace de formation plus grand, c’est-à-dire que l’intervalle a dû être plus grand entre les deux orbites qui la comprennent, parce que la matière y était de nature spécifique plus légère et aussi plus disséminée qu’autour de celle qui se formait plus près du Soleil. C’est ainsi que la Terre, bien qu’elle ne contienne pas, en y comprenant la Lune, une quantité de matière égale à celle de Vénus, a exigé pourtant autour d’elle un plus grand espace de formation, parce qu’elle s’est formée d’une substance plus disséminée que celle de la planète inférieure. Les mêmes raisons font penser que Saturne a dû étendre sa sphère de formation beaucoup plus du côté opposé au centre que du côté le plus voisin (et la même chose peut se dire de presque toutes les planètes) ; par conséquent l’intervalle doit être bien plus grand entre l’orbite de Saturne et celle de l’astre qu’on peut supposer exister au delà de cette planète qu’entre Saturne et Jupiter.

Ainsi tout, dans le monde planétaire, procède par degrés continus, suivant la même loi que la force génératrice première, qui agit le plus énergiquement au centre et va s’affaiblissant progressivement à mesure que la distance augmente. La force d’impulsion originelle décroît ; la concordance des directions et des plans des orbites est de moins en moins exacte ; la densité des astres diminue ; la nature se montre de moins en moins économe de l’espace attri-