Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/38

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enflammées, la première propriété de leur surface qu’il faut en déduire, c’est qu’il doit y exister de l’air ; car le feu ne brûle pas sans air. Cette condition donne lieu à des conséquences remarquables ; car, si l’on considère d’abord l’atmosphère du Soleil et son poids relativement à la masse du Soleil, dans quel état de compression ne doit pas se trouver cet air, et quelle puissance ne doit-il pas avoir pour entretenir par sa force élastique un feu aussi violent que celui du Soleil ! Dans cette atmosphère s’élèvent aussi, suivant toute vraisemblance, des nuages de fumée provenant des matériaux détruits par la flamme ; ces nuages sont formés sans aucun doute d’un mélange de parties grossières et légères, qui, après qu’elles se sont élevées à une hauteur où elles rencontrent un air plus froid, se précipitent en pluies de poix et de soufre, et ramènent à la flamme un nouvel aliment. Cette atmosphère, pour les mêmes causes que sur notre Terre, n’est pas exempte du mouvement des vents, qui dépassent probablement en violence tout ce que peut supposer l’imagination. Lorsqu’en un lieu quelconque de la surface solaire, l’expansion de la flamme vient à décroître, étouffée par les vapeurs qui se dégagent, ou par suite d’un afflux moins abondant de matière combustible ; l’air qui se trouve au-dessus de ce lieu se refroidit et, par sa contraction, permet à l’air environnant de se précipiter dans cet espace avec une force proportionnée à l’excès de sa force élastique et d’y attiser la flamme qui s’éteignait. » (p. 174.)

Certains auteurs allemands veulent voir, dans ce passage de Kant, l’explication des taches solaires, la prédiction de l’existence des protubérances, etc. Il est certain que ces idées sur la constitution du Soleil sont moins bizarres et plus conformes aux principes de la Science que celles qui furent adoptées plus tard par de grands esprits comme Herschel et Arago.


Tels sont les caractères principaux de la célèbre hypothèse de Kant, trop peu connue en France et dont Laplace ne soupçonnait même pas l’existence, lorsqu’il produisit la sienne quarante ans plus tard. Ces deux conceptions ont un point de départ commun ; toutes deux font naître le système planétaire d’une nébuleuse primitive, dont le mouvement commande celui des planètes et lui donne cette uniformité si remarquable qui démontre la communauté