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CHAPITRE III.

MODIFICATIONS ET ADDITIONS APPORTÉEES À L’HYPOTHÈSE DE LAPLACE.


Laplace ni Kant n’ont cherché à rendre compte de l’immense provision de chaleur que contient le Soleil. Pour Kant, le Soleil est le siège d’une combustion violente, mais le mode d’alimentation de ce feu est péniblement expliqué ; pour Laplace, la température de la nébuleuse primitive est énorme, et la quantité de chaleur qu’elle contient est une propriété originelle, tout comme l’attraction. L’introduction dans la Science de la théorie mécanique de la chaleur a nécessairement modifié beaucoup la notion de la nébuleuse solaire.

Les astronomes ont dû se demander de tout temps comment s’entretient la chaleur du Soleil. Buffon, qui, avec presque tous les savants de son époque, considérait cet astre comme un véritable foyer de matières en combustion, trouvait des aliments à ce foyer dans les comètes que son attraction y faisait tomber sans cesse. C’est aussi à ce mode d’entretien du foyer solaire que les premiers auteurs de la Thermodynamique ont pensé. Mayer et Waterston supposent que des matières venues de l’extérieur tombent incessamment sur la surface du Soleil, où un arrêt brusque engendre une quantité de force vive calorique déterminée. La chute sur chaque mètre carré et par seconde de 0gr,3 de matière venant de l’infini suffirait à compenser la perte de chaleur qu’éprouve incessamment le Soleil. À la matière météorique supposée par Mayer, W. Thomson substitua la matière qui produit la lumière zodiacale. Mais tout afflux de matière venant du dehors augmente la masse du Soleil, et il en résulterait, dans la révolution de la Terre, une accélération contraire aux faits observés. M. Helmholtz a montré qu’il n’est nullement nécessaire de recourir à une alimentation extérieure du Soleil : à mesure que le Soleil se refroidit, il se contracte, et la chaleur engendrée par cette chute incessante de la