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et beaucoup plus denses. La matière de la nébuleuse qui a formé les unes et les autres a donc dû à un certain moment subir une modification profonde, qui nous est révélée d’une autre façon par l’existence de l’anneau d’astéroïdes compris entre Mars et Jupiter. La matière extérieure de la nébuleuse restant la même, le rapport U allait en croissant et, après la formation de Jupiter, s’est trouvé trop grand pour qu’une nébulosité ait pu subsister sous forme permanente. Dès lors la substance de l’anneau correspondant, au lieu de s’agglomérer en un grand sphéroïde, a dû se résoudre en nébulosités partielles, se mouvant et se condensant isolément. Le refroidissement rapide de ces petites masses leur a donné bien vite une densité suffisante pour que la fonction U devînt inférieure à la limite voulue ; elles ont pris une figure d’équilibre et sont devenues des planètes télescopiques. Mais, pour qu’après elles, aient pu apparaître de nouvelles planètes de grande dimension, il a fallu qu’il survînt dans la nébuleuse solaire un changement de densité, peut-être même de nature, suffisant pour que U retombât au dessous de la limite voulue : de là des planètes de densité quatre à cinq fois plus grande que celle des planètes extérieures à l’anneau des astéroïdes.

M. Roche montre ensuite que cette différence des densités est également liée à la différence des durées de rotation ; mais cette considération m’éloignerait de mon sujet actuel, et je renverrai le lecteur au Mémoire même de notre savant auteur.


3o Les planètes nées des anneaux de Laplace devraient avoir un mouvement de rotation rétrograde. — Cette objection a été surtout mise en valeur par M. Faye, et il importe de la discuter avec soin, d’autant plus qu’elle a été déduite des expressions mêmes employées par Laplace, pour montrer comment le mouvement de rotation a pu être direct.

« Laplace supposait, dit M. Faye[1], que, dans les anneaux nébuleux dérivés du Soleil, …, le frottement des diverses couches concentriques aurait opéré comme dans l’atmosphère d’une planète, laquelle finit par tourner tout d’une pièce avec le globe central. De la sorte, les couches marginales extérieures auraient eu

  1. Bulletin de l’Association scientifique de France, 2e série, t. VIII, p. 392.