Page:Wolf - Les Hypothèses cosmogoniques, suivies de la Théorie du ciel de Kant, 1886.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 47 —

dérée, l’objection de M. Faye reviendrait à dire que des anneaux capables de former une planète ne peuvent se former par la réuniion de matières successivement abandonnées par la nébuleuse solaire, et rentrerait ainsi dans le premier cas que nous avons examiné.

M. Hirn (Mémoire sur les conditions d’équilibre et sur la nature probable des anneaux de Saturne, p. 31) a précisément étudié les conditions d’existence d’un anneau fluide, tel que ceux de Laplace. Il montre que si, dans un tel anneau, chaque nappe cylindrique a eu, à l’origine, une vitesse différente, correspondant à sa distance à l’axe de rotation, ce fait n’a aucun caractère de durée. Toutes les nappes, quelque fluides qu’on suppose les parties de l’anneau, frotteraient les unes contre les autres, en raison de leur différence de vitesse ; leur vitesse absolue tendrait donc à se partager, leur vitesse angulaire tendrait à s’égaliser, et cet effet se produirait réellement en un temps plus ou moins court, dont la durée dépendrait de la nature de fluidité de l’anneau. Le résultat final, et relativement rapide, serait une même vitesse angulaire commune à toutes les parties, et une élévation de température qui serait fonction de la somme de force vive perdue par les parties de l’anneau. Cette égalité de vitesse ne pourrait d’ailleurs elle-même être que passagère ; c’est pourquoi M. Hirn regarde les anneaux de Saturne comme formés d’une foule de petits satellites. Nous retenons seulement ici ce point qu’à un certain moment, précédant sa rupture, l’anneau tournait tout d’une pièce, et que, par suite, les sphéroïdes, dans lesquels il a pu se décomposer, ont dû tourner sur eux-mêmes dans le sens même de leur révolution.

Si l’on conçoit les anneaux planétaires à la manière de M. Roche, comme résultant d’un retrait brusque de la surface limite, toute la matière ainsi séparée d’un seul coup continue à tourner d’une seule pièce avec la vitesse que possédait chaque molécule, quand elle faisait partie de l’atmosphère solaire. Les couches extérieures sont donc animées d’une vitesse linéaire plus grande que celle des couches intérieures, et la planète qui résultera de la rupture de l’anneau sera elle-même animée d’un mouvement de rotation directe. Il semble même ici que la rupture de l’anneau nébuleux devra être la conséquence de la tendance de chaque molécule à circuler isolément, suivant les lois de Kepler, autour du centre de la nébuleuse solaire. Si je ne me trompe, les remarques de M. Hirn