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naître l’énoncé de cette opinion à l’Académie des Sciences de Paris et à la Société royale Astronomique de Londres. S’il y a action retardatrice de la Lune sur la Terre par l’intermédiaire des marées, une réaction doit s’ensuivre, comme le faisaient remarquer M. J. Bertrand et M. G. Darwin ; de là un ralentissement du moyen mouvement de la Lune et un accroissement de sa distance à la Terre, effet directement opposé à celui qu’il s’agissait d’expliquer. Mais d’après Delaunay, dont M. Airy soutenait l’opinion, le coefficient du retard imprimé à la Lune est moindre que celui du retard de la rotation de la Terre[1].

La question ainsi posée n’a pas encore aujourd’hui reçu de solution définitive. Mais elle a été l’origine d’importants travaux de M. W. Thomson et de M. G.-H. Darwin sur la théorie générale des marées. J’ai déjà indiqué les faits nouveaux signalés par M. Darwin relativement à l’obliquité des axes de rotation des planètes. Il me reste à faire connaître la partie de son travail qui a trait plus particulièrement à la Cosmogonie. L’ensemble de ses recherches forme six Mémoires présentés à la Société royale de Londres de 1879 à 1882[2].

M. G. Darwin a l’excellente habitude de joindre à chacun de ses Mémoires un résumé en langage ordinaire des résultats auxquels

  1. M. W. Thomson a plus tard appelé l’attention sur une autre cause perturbatrice du mouvement de rotation de la Terre : c’est la chute incessante des poussières météoriques sur sa surface, qui augmentent le moment d’inertie et par suite ralentissent la rotation (Glasgow Geological Society, vol. III : On Geological Time). Une autre cause, l’action du Soleil sur l’onde que produit dans l’atmosphère la variation diurne de la température, détermine au contraire une légère accélération du mouvement de rotation de la Terre. [W. Thomson, Accélération thermodynamique du mouvement de rotation de la Terre (Séances de la Société française de Physique, 1881, p. 200. Royal Soc. of Edinburg, 1881-82, p. 396).]
  2. On the bodily tides of viscous and semi-elastic spheroids… (Phil. Transactions, 1879, part. I). — On the precession of a viscous spheroid and on the remote history of the Earth (1879, part. II). — Problems connected with the tides of a viscous spheroid (1879, part. II). — On secular changes in the elements of the orbit of a satellite revolving about a tidally distorted planet (1880, part. II). — On the tidal friction of a Planet attended by several satellites and on the evolution of the solar system (1881, part. II). — On the stresses caused in the interior of the Earth by the weights of continents and mountains (1882, part. I). Des analyses détaillées de ces Mémoires ont été données dans les Proceedings of the R. Society.