Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/22

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Lady Charing était si émue, qu’elle accepta l’offre de Mlle Morel.

Le reste de la nuit se passa sans incident, et la comtesse finit par se persuader qu’elle avait eu un cauchemar.

Le samedi, Betsy remplaça Louise. Celle-ci n’avait pas soufflé mot de l’aventure de la nuit précédente ; elle était discrète et sachant Betsy fort impressionnable, elle ne voulait pas donner à sa jeune camarade des inquiétudes inutiles.

Lord Charing passa la soirée auprès de sa femme et la quitta à dix heures trois quarts ; Betsy prit, son service à ce moment. La comtesse, sentant le sommeil la gagner, pria la jeune femme de chambre d’éteindre les lampes et de ne laisser brûler qu’une veilleuse ; lady Charing lui demanda en outre, sans lui en donner la raison, de rester auprès d’elle jusqu’à minuit et demi.

À onze heures, elle commençait à s’endormir. quand elle tressaillit, ouvrit les yeux et dit avec impatience :

— Mon Dieu, Betsy ! qui fait de la musique à cette heure ?

Betsy n’avait rien entendu. Elle écouta et perçut aussitôt les sons qui avaient frappé son oreille quelques jours auparavant. C’était le même air joué par des harpes, sur un rythme lent, scandé par des battements semblables aux claquements des mains l’une contre l’autre.

La femme de chambre sentit une sueur froide perler sur son front, et elle faillit se trouver mal. Elle était tellement effrayée qu’elle n’eut pas la force de répondre à sa maîtresse.

— C’est bien curieux ; ce sont des harpes ! Qui peut en jouer ici ? Quelle étrange musique !

Betsy était plus morte que vive ; la comtesse écoutait toujours le fantastique concert.

— Comme c’est original ! Voyez donc qui joue, Betsy.

Mais Betsy semblait paralysée.

— Betsy ! Betsy ! m’entendez-vous ?

— Oui, Votre Seigneurie, je vous entends, balbutia la jeune fille.

— Qu’avez-vous ?

— Rien, milady. J’écoute…

Brusquement le concert cessa. La femme de chambre était si effrayée qu’elle n’eut pas l’idée d’aller se coucher ; elle resta assise dans un fauteuil, près du lit de la com-