Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/100

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arche, en calcaire bleu compacte. Dans toutes les haies, des néfliers, des pruniers, des cerisiers, des érables, servent d’appui à la vigne. Halte à Lauresse, après quoi nous touchons presque aux montagnes, qui ne laissent qu’une étroite vallée, dont la Garonne et la route occupent une partie. Immense quantité de volaille ; dans tout ce pays on en sale la plus grande partie et on la conserve dans de la graisse. Nous goutâmes de la soupe faite avec une cuisse d’oie ainsi conservée, elle était loin d’être aussi mauvaise que je m’y serais attendu.

Les moissons d’ici sont arriérées et trahissent le manque de soleil ; il n’y a pas à s’en étonner, car nous suivons depuis longtemps les bords d’une rivière très rapide, et quoique nous soyons encore dans la vallée, nous devons avoir atteint une grande altitude. Les montagnes deviennent de plus en plus intéressantes. Aux yeux d’un homme du nord, elles sont d’une beauté singulière ; on sait l’aspect sombre et désolé qu’offrent les nôtres, ici le climat les couvre de verdure, les plus hautes cimes que nous ayons en vue sont boisées ; la neige ne se trouve que sur des chaînes plus élevées.

Quitté la Garonne à quelques lieues avant Sirpe (Cierp) où elle reçoit la Neste. La route de Bagnères suit cette rivière dans une étroite vallée, à la naissance de laquelle est bâtie Luchon, terme de notre voyage, qui a été pour moi un des plus agréables que j’aie entrepris : mes compagnons avaient la bonne humeur et le bon sens indispensables aux voyageurs pour retirer d’une telle expédition et plaisir et profit.

Après avoir traversé le royaume et fréquenté pas mal d’auberges françaises, je dirais généralement qu’elles sont, en moyenne, supérieures à celles d’Angleterre sous deux rapports, inférieures sous tout le reste. Nous avons été mieux traités sans aucun doute, pour la nourriture