Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/118

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j’admirerais sans cesse la magnificence déployée par les États de cette province. Cependant la police est très mauvaise, car je rencontre à peine un charretier qui ne soit pas endormi.

Suivi la route de Montpellier, à travers une délicieuse campagne, sur une autre immense chaussée soutenue par des murs ; elle est large de dix yards et haute de huit à douze pieds, longeant le bord de la mer. Passé à Pijan et près Frontignan et Montbazin, dont les vins sont si célèbres. Les environs de Montpellier, dans un rayon d’une lieue, sont charmants et bien plus coquets que tout ce que j’ai vu en France. Des villas bien bâties, propres, aisées, paraissant être la propriété de personnes riches, sont répandues à profusion dans toute la campagne. Ce sont, en général, de jolis bâtiments carrés, dont quelques-uns sont très spacieux. Montpellier, qui semble plutôt une capitale qu’une ville de province, couvre une colline s’élevant avec hardiesse. L’entrée vous réserve une désillusion par ses rues étroites, mal bâties, tortueuses, mais très peuplées et pleines de l’animation des affaires ; il n’y a cependant pas de manufactures considérables ; les principales sont celles de vert-de-gris, de foulards, de couvertures, de parfums et de liqueurs.

La grande curiosité pour l’étranger, c’est une promenade ou une place (car on y trouve les caractères de l’un et de l’autre) qu’on appelle le Pérou (Peyrou). Un magnifique aqueduc, à trois rangs d’arches, alimente la ville avec les eaux d’une montagne éloignée ; c’est un très bel ouvrage ; un château d’eau les reçoit dans un bassin circulaire, d’où elles tombent dans un réservoir extérieur pour fournir aux besoins de la ville et aux jets d’eau qui rafraîchissent l’air d’un jardin placé plus bas, le tout dans une belle esplanade très