Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/125

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cousin-germain de ses hôtes, me donna avec difficulté un mauvais pain, qui cependant n’était pas noir. Ni viande, ni oeufs, ni légumes, et du vin exécrable ; pour ma mule, ni avoine, ni foin, ni paille, ni fourrage vert ; par bonheur la miche était grosse, j’en pris un morceau et coupai le reste en tranches pour mon ami le quadrupède espagnol, qui le mangea d’un air reconnaissant ; l’aubergiste grognait. Descendu par une route sinueuse excellente à Maudières, où un pont d’une arche est jeté sur le torrent. Passé Saint-Maurice et traversé une forêt détruite, au milieu des troncs d’arbres. Descente de trois heures sur une route superbe, tranchée dans la montagne jusqu’à Lodève, ville sale, laide, mal construite, avec d’étroites rues tortueuses, mais très peuplée et fort industrieuse. Bu d’excellent vin blanc léger, à 5 sous la bouteille. — 36 milles.

Le 31. — Traversé la montagne par un affreux chemin et gagné Beg de Rieux (Bédarieux), qui partage avec Carcassonne la fabrication des londrins pour le commerce du Levant. — Grands espaces incultes jusqu’à Béziers. J’ai rencontré aujourd’hui dans un marchand français de bonne mine, un exemple d’ignorance qui m’a surpris. Il m’avait harassé par une foule de questions saugrenues, et me demandait, pour la troisième ou quatrième fois, de quel pays j’étais. Je lui dis que j’étais Chinois. — Combien y a-t-il d’ici ? Deux cents lieues, répliquai-je. Deux cents lieues ! diable ! c’est un grand chemin ! — L’autre jour un Français me demanda, après que je lui eus dit que j’étais Anglais, si nous avions des arbres dans mon pays. — Quelquefois, lui répondis-je. — Et des rivières ? — Oh ! pas du tout. — Ah ! ma foi, c’est bien