Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/129

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ou les plaisirs appellent hors de chez eux ; car, s’ils ne sont pas assez nombreux pour entretenir de bonnes auberges, ce ne seront certes pas ceux qui viennent de loin qui le feront : on le voit par la détestable hospitalité offerte même sur le grand chemin de Londres à Rome. Au contraire, allez en Angleterre, dans des villes de 1,500, 2,000 ou 3,000 habitants, tout à fait en dehors de la circulation comme moyen de ressource, et n’ayant à attendre presque aucun voyageur, vous y trouverez cependant des auberges bien tenues par du monde propre et convenable, de bons meubles, une civilité cordiale ; si vos sens ne sont pas flattés, au moins ne seront-ils blessés par rien ; et, si vous demandez une chaise de poste et un couple de bons chevaux, ce qui ne coûte pas moins de 80 liv. st., vous l’aurez à votre disposition pour vous mener où bon vous semblera, malgré la lourde taxe qui les grève. N’y a-t-il pas des conclusions politiques à tirer de ce contraste ? Cela prouve qu’il y a assez de communications entre les villes anglaises pour soutenir de telles maisons. Les clubs des habitants, les visites de leurs amis et de leurs parents, les parties de plaisir, les marchés, les rapports avec la capitale et les autres centres, forment les bonnes auberges ; et quand elles n’existent pas dans un pays, c’est qu’il n’a pas le même mouvement, ou que ce mouvement entraîne moins de richesse, moins de consommation, moins de bien-être. Dans cette tournée en Languedoc, j’ai traversé un nombre incroyable de magnifiques ponts et de superbes chaussées. Cela ne prouve que l’absurdité et l’oppression du gouvernement. Des ponts de 70 à 80,000 l. s., et d’immenses chaussées pour réunir des villes sans auberges autres que celles décrites ci-dessus, paraît une grande erreur. Cela n’est pas à l’usage seul des habitants, le