Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/135

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Pau, j’ai rencontré, ce qui est bien rare dans ce royaume, des paysannes jolies et proprement mises ; dans la plupart des provinces, un travail dur leur gâte la taille et le teint. La fleur de la santé sur les joues d’une fille de campagne convenablement habillée n’est pas la moindre beauté d’un paysage. Loué une chaloupe pour voir l’endiguement à l’embouchure. L’eau en se répandant détériorait le port ; le gouvernement, pour la retenir, fait élever un mur d’un mille de long sur la rive N., et au S. un autre de moitié cette longueur. Il est large de dix à vingt pieds, et haut d’environ douze ou quinze pieds. Vers le goulet il a vingt pieds d’épaisseur, et les pierres sont reliées ensemble par des crampons de fer. On enfonce actuellement des pilotis en pin de seize pieds de longueur pour les fondations. C’est, en somme, un travail qui exigera de grandes dépenses, mais d’une grande magnificence et d’une grande utilité.

Le 16. — Dax n’est pas précisément sur la route d’Auch ; mais j’étais résolu à voir le fameux désert appelé les Landes de Bordeaux, sur lequel j’avais tant lu de choses, et dont on m’avait tant parlé. On m’assura qu’en suivant cette route j’en traverserais au moins douze lieues. Il s’étend presque jusqu’aux portes de Bayonne, mais quelques endroits cultivés s’y montrent pendant une ou deux lieues. Ces landes forment une zone sableuse, couverte de pins que l’on exploite régulièrement pour la résine. Les historiens rapportent que, lors de leur expulsion d’Espagne, les Morisques demandèrent à la cour de France l’autorisation de coloniser et de défricher ces landes, ce que la cour leur refusa, au mécontentement général. Puisqu’il paraissait impossible aux Français de s’y fixer, ne valait-il